Pour le parc français, la part de la construction dans le bilan CO2 est d’environ 10 à 15 %. Le graphique suivant représente les émissions de CO2 sur le cycle de vie d’un bâtiment existant moyen français, c'est-à-dire un bâtiment « comme on le construisait il y a vingt ans ».
Répartition des émissions de CO2 entre la fabrication des matériaux de construction et l’utilisation pour un bâtiment existant
Pour un bâtiment anticipant la future réglementation thermique 2012 (ci-dessous un bâtiment résidentiel BBC), la part des émissions de CO2 liées à l’utilisation est considérablement réduite et la construction peut représenter 30 %, 40 %, voire 50 % des émissions !
Répartition des émissions de CO2 entre la fabrication des matériaux de construction et l’utilisation pour un bâtiment BBC
Que penser de ces fréquents constats ? Qu’il ne sert à rien d’améliorer la performance énergétique d’un bâtiment ? Qu’il y a trop d’« énergie grise » dans un bâtiment BBC ?
Du point de vue de l’éco-conception, il existe une réponse à ces questions : il faut raisonner sur le cycle de vie du bâtiment.
Important
Définition de l’éco-conception selon l’Ademe :
« L'éco-conception consiste à intégrer l'environnement dès la phase de conception des produits, qu'il s'agisse de biens ou de services. Cette intégration repose sur une approche globale et multicritère de l'environnement et est fondée sur la prise en compte de toutes les étapes du cycle de vie des produits. »
Sur l’illustration ci-dessous, on se rend compte que le haut niveau de performance énergétique permet de réduire fortement les émissions de CO2 sur le cycle de vie, même si la part de la construction dans le contenu carbone a augmenté.
Diminution des émissions de CO2 sur le cycle de vie entre une variante existante et une BBC
Trois conclusions peuvent être tirées de ce constat :
- Améliorer la performance énergétique est primordial pour diminuer les impacts environnementaux du projet (ici, on ne montre que l’exemple du CO2, d’autres impacts environnementaux sont traités dans la rubrique « Retour d’expérience »).
- Pour un bâtiment très performant, le choix des matériaux devient un levier supplémentaire pour améliorer la performance environnementale du projet, mais à performance énergétique identique ! Par exemple, pour un même niveau d’isolation thermique, on peut essayer de minimiser le recours au béton (avec des structures plus légères que les murs banchés traditionnels comme les structures à « points porteurs + façades légères » ou privilégier une ossature en bois). L’utilisation d’éco-matériaux pour l’isolation doit aussi être envisagée, mais toujours à performance thermique égale.
- Pour prendre la bonne décision, il est nécessaire de disposer d’outils permettant de quantifier les impacts environnementaux des alternatives envisagées pour un projet. L’outil le plus approprié étant l’analyse de cycle de vie (ACV) des bâtiments.